L’Observatoire publie son manifeste pour un débat éthique sur l’art.
Critiquer une œuvre, une institution culturelle ou un diffuseur est une liberté fondamentale, propre à chacun, et qui doit être protégée. Mais face à des critiques instrumentales, il nous est paru nécessaire d’affirmer que le débat doit être éthique et d’en poser les conditions.
A l’Observatoire, où chaque art est solidaire des autres, nous avons écrit ce texte il y a un an, à la suite d’attaques malhonnêtes contre une grande institution culturelle parisienne. Cette attaque n’est pas unique et se situe dans un contexte où, depuis la fin des années 1990, l’art est revenu un enjeu polémique.
A l’art se mêlent des questions politiques. L’art est dans la société. Il est traversé par ses conflits. Il est traversé par les guerres, les conflits religieux, les questions sociétales, les rapports sains ou répréhensibles des artistes (et pas seulement eux) à celles et ceux qui les entourent. De tout cela, on peut et on doit pourvoir débattre sereinement. La société évolue et les mondes des arts avec elle. Ou contre elle. Les tensions inhérentes à toute évolution structurelle ne doivent pas remettre en cause les principes fondamentaux que nous rappelons dans ce Second Manifeste.
L’art, en France, est parfois aidé par de l’argent public, ce qui est hélas parfois moins vrai au vu de certaines coupes budgétaires aux effets parfois dramatiques pour certains secteurs artistiques. Les aides publiques sont encadrées de missions que la loi énonce, en particulier la loi de juillet 2016. Ces missions sont d’utilité publique. Si le débat autour des choix faits dans ce domaine est sain, la mise en danger de projets, de structures, de compagnies par le simple retrait de subvention sans aucune discussion est une catastrophe démocratique.
Nous croyons fermement que l’art permet une représentation singulière du monde dont nous-même, en tant que citoyens spectateurs, et nos démocraties que nos imaginaires et nos idéaux constituent, avons besoin. Nous voyons bien de quelles attaques sont victimes les institutions et les artistes dans les régimes autoritaires. Nous regardons avec consternation certains régimes démocratiques basculer dans l’autoritarisme et enjoindre à l’art de dire ceci et plus cela.
Or l’art doit être préservé de toute injonction. L’art est libre. La création est libre. Et sa diffusion, si elle est source de questions, doit être débattue avec honnêteté.
Les divers acteurs culturels et artistiques sont unis, à l’OLC, pour soutenir la liberté de création et de diffusion des œuvres en défendant un débat serein quand il est nécessaire et possible. L’échange doit remplacer toute forme de violence, politique ou économique. Le dissensus est sain. Alors cultivons le pour qu’il devienne productif.
L’Observatoire de la liberté de création énonce de manière ferme dans ce manifeste les quinze principes qui devraient gouverner tout débat sur l’art. Il invite les collectivités territoriales, les institutions culturelles, et toutes les organisations culturelles, à publier ce manifeste sur leurs sites et à leurs afficher dans leurs lieux en affirmant qu’ils/elles le respecteront.